Wednesday, October 24, 2007

Solitude

Cela fait plusieurs jours que j'essaie de poster. Du gai, du joli, pour changer. Mais chaque fois, je me heurte à la douleur de ma fille.

Au début de l'année scolaire, elle ne voulait pas se mêler aux autres. Seule, elle était très contente.

Bon.

Puis elle s'est faite des copines dans la classe. Elle était contente.

Puis, elle ne sait pas trop pourquoi ni comment, les copines se sont disputées puis séparées. Laissant Nana au milieu, désamparée.

Elle m'a raconté ses récréations. Elle erre d'un groupe à l'autre, demandant à jouer... Chaque fois la réponse est là même. Non. Alors elle échoue tristement sur un banc, à côté d'une autre exclue. Elles ne se parlent pas. Mais elles ne sont pas tout à fait seules. Dixit Nana.

Lorsqu'elle m'a raconté cela, il a fallu que je me tourne pour cacher mes larmes. C'est insupportable. De vivre ça, à 8 ans. De l'entendre, pour une maman. De ne pouvoir rien faire, rien d'immédiat, pour soulager la peine de son enfant.

A cela s'ajoute les méchancetés d'un petit garçon, depuis le début de l'année. Physiques, verbales. Elle, si fragile, si faible, si esseulée, est une proie facile... Une tête de turc, un bouc émissaire.

J'ai discuté avec le prof. Tout va bien, elle travaille bien.
Manifestement, il refuse de se mêler des histoires des enfants. D'accord, la plupart du temps, mais là, ce n'est pas de l'ordre des histoires d'enfants.

Il s'agit d'une fillette irrémédiablement blessée, souffrant de troubles de l'attachement, ne sachant se comporter avec les autres, écrasée de culpabilité de surcroît. Alors faute de pouvoir lui trouver des copines de force, au moins lui éviter des coups supplémentaires?

Il y a eu un léger mieux, la semaine dernière. Elle avait un amoureux dans la classe. Et toute la bande de copains qui allait avec. Elle avait l'air si heureuse... Si soulagée... Ca a duré 3 jours. Il est amoureux d'une autre.

Et ma fille est seule, à nouveau, et à nouveau en but aux méchancetés de son camarade.

Hier, elle me racontait tout cela. Et que son prof n'est jamais disponible pour l'écouter - et de toute façon, la plupart du temps elle n'ose pas.
Je songeais qu'elle pourrait écrire une lettre à son enseignant... Une lettre, on la lit, forcément. Ca pourrait lui ouvrir les yeux. Mais suggérer ça, à une fillette de 8 ans... Elle n'aurait sans doute pas voulu, ou l'aurait fait pour me faire plaisir.

Alors je l'écoutais, simplement. Et soudain, l'idée est venue d'elle. "Je vais écrire à mon maître".
Elle l'a fait... Nous verrons la réaction demain...

Au delà de mon chagrin pour elle, je reste bluffée par l'écoute active chère à Gordon. On ne peut trouver des solutions à la place de l'enfant. Mais lorsqu'on se contente de l'écouter, il peut aller jusqu'au bout de sa réflexion, prendre en charge ses problèmes et envisager une solution.

Evidemment, tout cela reste bien pauvre en regard du drame vécu au quotidien par ma fille. Si dérisoire face au désespoir d'une petite fille de 8 ans...

Sunday, October 14, 2007

Entre filles

Ma fille grandit. 8 ans 1/2! J'aime qu'on puisse de promener en se tenant par la taille - la main, c'est fini.

J'aime lorsqu'elle rit, lorsqu'elle fait le pitre, parce qu'elle a si souvent le coeur triste.

Vendredi après-midi, j'ai obtenu une autorisation d'absence pour l'emmener chez son psy, à Paris.
Dès notre arrivée dans le train, elle était toute gaie, toute excitée par la perspective de passer quelques heures, seule, avec sa maman. Nous avons joué à deviner l'animal auquel pense l'autre, rien que cela la faisait éclater de rire.

Après la séance psy, tôt dans l'après-midi, nous avons flâné dans le quartier du marais.
Librairie-papeterie, avec des produits d'une souris dont je tairai le nom mais que vous connaissez sans doute. Prix du papier à lettres dérisoire... Malgré les finances limitées en ce moment, je lui en ai acheté deux blocs: les échanges de ces feuilles constituent pour Nana le seul contact avec les autres qu'elle ait à l'école actuellement... J'ai fait cet achat sans honte, sans regret, si ce n'est celui où on a conduit le monde des enfants...
Un détour par Mona-Lisait, pour repérer les prochains achats de livre d'histoire pour mon passionné de 5 ans - en ce moment, prédilection pour la préhistoire et l'Egypte.

Nous avons fait une longue pause dans le jardin du Luxembourg, passage devenu obligé lors de nos escales parisiennes.
Puis un passage - trop rapide au gré de Nana, largement suffisant pour moi- au Forum des Halles, ma fillette ayant souhaité "voir des magasins". Nous avons découvert tout plein de nouveautés dans le magasin Nature et Découvertes, dont un membre de ma famille m'a assuré qu'il appartenait à la scientologie, ce que je trouverais dommage. En attendant, les nouveautés sont restées dans un coin de ma tête... Noel approche, héhé....

Ballade trop courte au final, mais c'est si rare, qu'on passe du temps ensemble rien que toutes les deux, que nous avons su en profiter totalement... Et rebelotte dans 15 jours!

Thursday, October 11, 2007

Nue...

(Les mots reviennent pas à coups)

La question reste ouverte: qu'est-ce que je fiche encore seule, plus de 5 ans après la séparation d'avec le père de mes enfants?

toujours les mêmes réponse: personne n'a fait battre mon coeur, je rencontre peu de personnes nouvelles donc peu de chance que mon coeur se mette à battre, les enfants toujours avec moi, les problèmes matériels (je n'ai pas de chambre par exemple)

Au delà de ça, plus le temps passe, moins j'envisage sereinement cette chose qui doit vous paraître évidente et banale... Se mettre nue devant l'autre.

La première fois, avec tous les défauts du corps et la gêne qu'ils occasionnent... Cette envie qu'on a de se montrer sous son meilleur jour, alors que c'est impossible, quand on est nu, on est nu... Son image dans le regard de l'autre...
Puis les autres fois, puis le quotidien qui s'installe.
Se montrer tel qu'on est, avec les défauts du coeur et de la tête, aussi.
Mettre à nu ses sentiments. Oser.

Je ne sais pas si je saurais à nouveau. D'ailleurs je n'ai jamais su. Je n'ai jamais connu de jolie relation. Celle qui commence comme un menuet, tout doucement, pour s'épanouir, lentement, au gré de l'amour, au fil de la tendresse.

Et là, avec la roue qui tourne, inlassablement, ces murs qui s'érigent dans ma tête et mon corps qui me trahit, je ne sais si je saurais, je ne sais si j'aurais la force, de forcer tous ces barrages, et de me me mettre nue, de me mettre à nu, simplement moi, moi toute simple, devant l'autre.

Saturday, October 06, 2007

Pas de mots

La vérité, c'est qu'il n'y a pas de mots, pour parler de nous. Il n'y a pas de mots, pour décrire ce dans quoi nous sombrons, jour après jour.

Pas de mot pour réconforter mes enfants lorsqu'ils pleurent, parce qu'ils sont tristes et seuls, pas de mot pour leur dire que la vie vaut quand même le coup.

Pas de mot pour vous dire la cruauté de notre situation, ces mille choses qui nous ramènent à notre détresse, jour après jour.

Pas de mot pour surmonter l'enfance brisée, pas de mot pour surmonter la mort.

J'aimerais m'asseoir et ne plus sentir, m'asseoir et regarder passer le monde et les gens, m'asseoir et ne plus bouger.

M'asseoir et pleurer, peut-être, pleurer toutes ces larmes qui m'étouffent ce soir, mêlées à celles de mes enfants.

Pleurer leur tristesse et crier leur colère, parce que je n'en peux plus d'être le receptacle de tout chagrin, de toute leur douleur, de toute leur rage, en plus de mon chagrin, de ma douleur et de ma rage.

Pas de mot... Plus de mot... J'avais espéré mais je n'ai plus rien à écrire de joli, tout nous ramène à ce mur de silence.